Un visage plus attrayant. Elles seront des cadres plus propices pour la transmission et l’acquisition du savoir. Le chef de l’Etat, Macky Sall, a posé, hier, la première pierre pour la construction de nouvelles infrastructures pédagogiques à l’Ucad. Le projet, d’un montant de 34 milliards de FCfa de la Banque mondiale, comporte la réhabilitation,
l’extension et la construction de nouvelles infrastructures dans les universités.

Le discours du président de la République, Macky Sall, est porteur de nouvelles ambitions pour l’enseignement supérieur sénégalais. Hier, il a lancé le démarrage de la construction des laboratoires à la Faculté des sciences juridiques. L’acte est symbolique. En réalité, plusieurs universités publiques auront des laboratoires et des salles de travaux pratiques (Tp). S’y ajoute que les laboratoires et auditoriums seront réhabilités. De nouveaux amphithéâtres seront construits.
Les universités publiques auront un nouveau visage avec des investissements de plus de 34 milliards de FCfa. « La physionomie de chaque université va désormais changer avec de larges perspectives d’accueil de nouveaux bacheliers et un plateau technique amélioré grâce aux acquisitions et à la mise en œuvre des Contrats de performance », a dit le chef de l’Etat qui a remercié la Banque mondiale pour « son effort constant » pour l’amélioration de l’enseignement supérieur au Sénégal. La carte universitaire se densifie. Le président de la République souhaite qu’elle s’étende en tenant en compte la restauration des principes d’équité. « La formation supérieure ne doit plus être
concentrée dans les grandes villes de la façade atlantique du Sénégal.
Je tiens beaucoup à l’équité territoriale. La nouvelle carte universitaire s’élargit et s’équilibre à travers la 2e universitaire de Diamniadio, l’Université El Hadj Ibrahima Niass de Kaolack, le réseau des 5 Instituts supérieurs d’enseignement professionnel (Isep), les centres délocalisés et l’Université arabo-islamique », a énuméré Macky Sall.

Reconnaissance et estime pour les enseignants, c’est le lieu et le moment pour le premier président de l’Amicale des élèves ingénieurs de l’Institut des sciences de la terre (Ist) d’exprimer sa gratitude aux enseignants qui se battent pour que l’Ucad continue à rester un espace d’excellence en dépit de la massification. « C’est heureux que cet espace d’excellence porte le nom du Pr Cheikh Anta Diop. Cet illustre enfant de Thieytou, Pharaon du savoir, qui, par ses œuvres, a réhabilité l’Afrique et ses civilisations. Je voudrais exprimer, à travers le parrain, l’estime et la grande considération que j’ai pour les enseignants. Grâce à eux, j’ai acquis mes premiers
diplômes et des compétences appréciables en géologie, mathématiques, physique, chimie, biologie animale et végétale, en écologie, entre autres », s’est exprimé le chef de l’Etat.
L’université ne doit pas être un espace de violence. C’est le souhait du président Macky Sall qui a accepté de retirer les forces de l’ordre des campus. Il aimerait toutefois que les étudiants revoient la méthode de poser les revendications surtout œuvrent pour la pacification de l’espace universitaire. « Si j’ai retiré les forces de l’ordre de
l’université, c’est pour que cette décision appelle de la part de toute la communauté universitaire, en particulier des étudiants, un esprit de dépassement et un sens élevé du civisme. C’est aussi parce que je fais confiance à la communauté universitaire. Il appartient à chacun de  s’inscrire dans une dynamique de consolidation durable d’un climat pédagogique et social apaisé par le dialogue », a-t-il rappelé.
Inscrire l’Ucad sur la liste des 100 meilleures universités.
Le chef de l’Etat a affirmé une volonté de replacer l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar (Ucad) parmi les meilleures au monde dans un horizon plus au moins proche. « Mon ambition, d’ici les années 2020 et 2025, c’est que l’Université Cheikh Anta Diop rejoigne les 100 meilleures universités au monde. Ce n’est pas une utopie. Si nous marquons une pause de grève et si nous continuons les investissements pour l’amélioration des conditions d’études, nous pouvons atteindre ces objectifs », a défendu le Macky Sall. L’une des mères des universités francophones de l’Afrique au Sud du Sahara a été rattrapée, au fil des années, par les flux massifs des étudiants. En dépit de cette massification, elle a assumé ses missions essentielles. « Nous allons maintenir le cap d’excellence de l’Ucad. Elle l’a montré à plusieurs fois dans les concours d’agrégation », a noté le chef de l’Etat.
Cette visite a permis au président de recueillir les préoccupations des étudiants, du Personnel administratif, technique et de service (Pats).
Il a reconnu que les problèmes évoqués sont « légitimes » et suggéré que la concertation et le dialogue soient privilégiés dans la recherche de solutions. « Je suis venu pour vous écouter. Je vous ai entendus, je vous ai compris. L’université est un espace de lumière. Elle doit rester un espace de paix, de tranquillité et d’étude pour répondre pleinement à sa vocation du temple du savoir », a toutefois souligné M. Sall.
Pour le recteur de l’Ucad, le Pr Ibrahima Thioub, la quête de l’excellence ne peut pas se passer de l’appropriation des principes de la bonne gouvernance. L’Ucad qui compte plus de 85.000 étudiants est déjà sur la voie. La culture de la  reddition des comptes se met en place de façon progressive. « Nous progressons étape après étape vers les objectifs connexes qui consistent à remobiliser toutes les parties de l’Ucad pour la promotion de la culture de la transparence, de l’efficacité et de la responsabilité pour maintenir l’université à son rang et renforcer son rôle dans la transformation sociale et économique », a affirmé M. Thioub qui a remercié le président de la République pour la visite effectuée à l’Ucad.

300 milliards de FCfa d’investissement sur 5 ans. Pour le président de la République, l’avenir du Sénégal dépend de l’investissement accordé à la formation de la jeunesse. C’est pourquoi, a-t-il dit, dès sa venue au pouvoir, il a pris la décision d’organiser des Concertations nationales sur l’avenir de l’enseignement (Cnaes) afin d’apporter des réponses pertinentes et consensuelles à la renaissance du système d’enseignement supérieur et de recherche sénégalais. Ainsi, les 11 directives du conseil présidentiel constituent, selon lui, à la fois une feuille et un plan d’actions pour faire de cet enseignement supérieur « un levier de l’émergence » et de le placer sur la voie de «
l’équité, de l’excellence et de la paix ». Pour cela, l’Etat a accepté de consentir des efforts exceptionnels avec des projets d’investissement de plus de 300 milliards de FCfa, sur une période de cinq ans. « Cela représente le double de tout ce qui a pu être investi, de l’indépendance à 2012, dans l’enseignement supérieur »,
s’est félicité le président Sall. De même, pour encourager l’excellence, il a décidé d’octroyer des bourses nationales d’excellence de 60.000 FCfa par mois aux bacheliers ayant eu au Bac des mentions « Très Bien »
ou « Bien » pour étudier au Sénégal.
Dans le même ordre d’idées, le président a rappelé que le montant des bourses d’excellence étrangères a été aussi sensiblement augmenté.
Mieux, avec la nouvelle politique des bourses et les nouveaux critères d’attribution des allocations sociales, il a annoncé que les aides sociales sont transformées en demi-bourse payable sur douze mois. A cela s’ajoutent les bourses de mobilité et en alternance, permettant ainsi aux étudiants inscrits au Master 2 et au Doctorat d’effectuer des séjours de six mois dans des universités ou laboratoires partenaires.

CAMPUS SOCIAL DE L’UCAD : Le chef de l’Etat inaugure trois nouveaux pavillons de 1.044 lits
Achevés après 9 mois de travaux, les 3 nouveaux pavillons d’hébergement sis au campus social de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar (Ucad) ont été inaugurés, hier, par le président de la République. Macky Sall a profité de cette occasion pour annoncer de nombreux projets s’inscrivant dans le cadre de l’amélioration des conditions de vie des étudiants.
Après y avoir passé six ans en tant qu’étudiant et l’avoir quitté il y a 30 ans, le président Macky Sall est retourné, hier, à l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar. Et c’était pour inaugurer 3 nouveaux pavillons d’une capacité de 1.044 lits construits en un temps record.
Pour son retour dans ces lieux où, a-t-il dit, il a passé les « plus belles années de sa jeunesse », le chef de l’Etat a eu droit à un accueil mitigé fait d’applaudissements et de huées de la part d’étudiants massés en nombre de part et d’autre de la grande artère du campus. De nombreux étudiants ont profité de cette visite de Macky Sall
pour manifester leur colère par rapport à certains points de revendication, comme l’élucidation de l’assassinat de l’étudiant Bassirou Faye, les bourses, les conditions de vie difficile au campus, l’organisation d’élections de représentativité chez les étudiants, etc.
Autant de points que leur porte-parole, Serigne Tacko Diagne, a repris dans son discours lu devant une grande foule constituée d’étudiants et du personnel administratif, technique et de service (Pats).
2.500 lits mis à la disposition de l’Ucad en deux ans Un peu plus tôt, le directeur du Centre des œuvres universitaires de Dakar (Coud) s’est félicité de cette venue du président Macky Sall au campus. Une visite que Cheikh Omar Hann a qualifiée d’ « historique, car c’est la première que le Coud reçoit en visite officielle un chef d’Etat ». Selon lui, en inaugurant ces trois pavillons, le président Sall apporte « une réponse à un besoin pressant de prise en charge des étudiants sur le plan de
l’hébergement ». Le directeur du Coud a relevé que, depuis deux ans, et après la démolition de six pavillons sur recommandation de la Protection civile, l’actuel gouvernement a mis à la disposition de l’Ucad 2.500 lits. Sans oublier le projet de 30.000 lits dans toutes les universités du Sénégal, dont 4.000 reviendront à l’Ucad.
Quant au Dr Ndob Seck, porte-parole du Pats, il a eu des mots très élogieux à l’endroit du chef de l’Etat, lequel, selon lui, en acceptant de venir au campus, a fait preuve d’humilité insoupçonnée et de grandeur déconcertante. Pour le Dr Seck, le parcours de Macky Sall, étudiant logeant, il y a encore 30 ans, à la chambre 168 du pavillon A et, aujourd’hui, devenu président de la République, doit faire prendre conscience à tous les Sénégalais que la réussite est bien possible. Au titre des doléances que le Dr Seck préfère appelées « souhaits », les travailleurs demandent l’augmentation du budget de fonctionnement de leur institution qui, chaque année, continue d’accueillir des flux d’étudiants. L’autonomisation des centres régionaux des universités de Ziguinchor, Thiès et Bambey est également une demande forte des
travailleurs du Coud.

Vaste programme de construction de pavillons revenant sur la problématique de l’hébergement, le président Macky Sall a annoncé qu’outre les 1.044 lits mis à la disposition de l’Ucad, d’autres grands projets de construction de 10.000 lits sont en cours. Et dans ces 10.000 lits, l’Ucad en disposera 4.000 supplémentaires,
l’Université Gaston Berger de Saint-Louis 2.000, l’Université de Thiès 1.000, l’Université Alioune Diop de Bambey 1.000, l’Université Assane Seck de Ziguinchor 1.000, l’Ecole polytechnique de Thiès 500 et l’Ecole nationale supérieure agriculture (Ensa) 500. A ces projets viendront s’ajouter celui de 10.000 lits pour l’Université Amadou Makhtar Mbow de Diamniadio et un autre de 10.000 lits pour l’Université Elhadji Ibrahima Niass de Kaolack.

AFFAIRE BASSIROU FAYE : Le procès attendu en octobre prochain. Lors de la visite du président de la République à l’Ucad, les étudiants ont réclamé, avec insistance, que toute la lumière soit faite sur la mort de Bassirou Faye, tué par balle le 14 août dernier. Ces étudiants, par la voix de leur porte-parole, projettent même de commémorer cette journée et demandent l’érection d’un mémorial.
Sur cette question, le chef de l’Etat s’est voulu très clair et a réaffirmé tout l’engagement du gouvernement à faire en sorte que ce « crime insupportable » soit élucidé. Comme pour prouver la détermination de son gouvernement à tirer cette affaire au clair, le président Sall a rappelé que, depuis l’indépendance du Sénégal, il y a eu plusieurs
générations d’étudiants où des crimes n’ont jamais été élucidés. Mais, c’est la première fois que le président de la République, un gouvernement, l’Etat, s’engagent aussi fortement pour que justice soit faite.
« C’est la première fois qu’une enquête a été diligentée sans aucune pression sur les enquêteurs. Le juge d’instruction a pris tout le temps qu’il faut pour faire son travail, et c’est lui-même qui vient de faire savoir à l’opinion qu’il a bouclé le dossier et que le procès se déroulera au mois d’octobre prochain », a dit le chef de l’Etat.
L’Etat ayant fait ce qu’il devait faire, il a invité les uns et les autres à laisser la justice clarifier cette affaire. Dans cette même dynamique, M. Sall a dit qu’un engagement ferme a été pris pour que les franchises soient respectées et que le campus soit laissé aux étudiants.
Toutefois, il a indiqué que cela suppose que les étudiants soient à la hauteur de cette confiance et qu’ils puissent faire de ces franchises et de ces libertés un espace de paix où régnera la concorde au sein du campus social. Si les concernés sont prêts à aller dans ce sens, le chef de l’Etat a assuré qu’il n’hésitera pas à les accompagner.
44 % du budget du ministère de l’Enseignement supérieur au social.

L’enseignement supérieur de qualité dans le principe d’égalité des chances nécessite une prise en charge effective des questions sociales.
C’est ce qui explique le fait que les ressources allouées aux œuvres sociales représentent 44 % du budget du ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, a révélé Macky Sall. Selon lui, cela témoigne de la volonté de l’Etat d’améliorer les conditions de vie des étudiants non seulement pour favoriser leur réussite mais également et surtout de développer le système d’enseignement supérieur et de recherche. D’ailleurs, c’est dans la perspective de consolider les œuvres sociales qu’il a décidé de la création d’un Centre national des œuvres universitaires du Sénégal (Cnou) et des centres régionaux dans les universités de Thiès, Bambey et Ziguinchor. Ce, dans le but de désengorger Dakar et lui permettre une meilleure prise en charge des étudiants de l’Ucad. « Cela permettra aux autres universités d’avoir une gestion de proximité et une autonomisation renforcée », a expliqué le chef de l’Etat. Il n’a pas aussi manqué de rendre un vibrant hommage aux travailleurs infatigables du Coud et a promis d’examiner, avec la plus grande diligence, leurs revendications.
Les étudiants appelés à revendiquer sans violence. Avant d’apporter des réponses à toutes ces interpellations, le président Macky Sall a confié « le sentiment profond qui l’a habité lorsqu’il a foulé le sol du campus ». Paraphrasant le président Senghor, il a lancé : « Le pavillon A, je me rappelle, pavillon H, je me rappelle. Je me rappelle des nuits d’assemblée générale devant le pavillon A pour porter les mêmes combats que portent les étudiants, combats pour l’amélioration des conditions de vie, d’études et de travail. Je me rappelle des difficultés dans la restauration, des fins de mois difficiles où les tickets de restauration n’étaient plus disponibles ». Ces mots ont eu le
don d’arracher des applaudissements à l’assistance. Selon le chef de l’Etat, son passage dans cet espace de liberté et de responsabilité a contribué à lui forger une personnalité et à affirmer son identité. « Ici, au-delà des connaissances, c’est un état d’esprit qu’on acquiert, un esprit critique, de dépassement, de sacrifice et d’effort autour des valeurs de solidarité, d’entraide et de respect mutuel », a-t-il souligné.
Ainsi, s’il admet que c’est le propre de l’étudiant de revendiquer, le président n’en pense pas moins que cette revendication doit se faire dans les formes et sans violence. Car, a soutenu Macky Sall, s’il est venu à l’université, c’est pour écouter et entendre les étudiants afin d’apporter des solutions à leurs préoccupations. « Ces qualités
d’écoute, de solidarité, d’entraide, d’effort et de sacrifice sont indispensables pour évoluer aisément en milieu professionnel et, de manière globale, de vivre sereinement dans la société », leur a-t-il lancé.
Par ailleurs, le président a appelé les étudiants à ne pas perdre de vue les défis impressionnants qui les attendent. Ainsi, il les a invités à porter encore plus haut le flambeau que leur ont légué leurs illustres devanciers.

Porter haut le flambeau « Ne vous laissez pas rattraper par la routine qui asphyxie, banalise et déprécie l’avenir. Partez à l’assaut du futur, faites du futur votre royaume », leur a-t-il dit. En effet, avant l’arrivée du chef de l’Etat au lieu de l’inauguration des pavillons, la tension était très vive au campus. D’un côté, ses partisans et, de l’autre, certains étudiants déterminés à montrer leur mécontentement se regardaient en chien de faïence sous l’œil vigilant des forces de l’ordre. Ces derniers, malgré les nombreuses provocations et huées à leur endroit, ont préféré s’interposer entre les deux camps. Quand le cortège du président Macky Sall est arrivé, la tension est montée d’un cran. Alors que les partisans du Mouvement des élèves et étudiants républicains (Meer) accompagnaient le véhicule présidentiel, quelques pierres ont commencé à pleuvoir, installant la panique. Les policiers ripostent et dispersent la foule. Dans la débandade, beaucoup d’étudiants ont perdu leurs chaussures, tandis que les plus en vue ont été appréhendés et mis dans le panier à salade.

LOUISE CORD, DIRECTRICE des operations DE LA BANQUE MONDIALE  : « Nous saluons l’engagement à mettre en place un enseignement de qualité »
La directrice des opérations de la Banque mondiale, Louise Cord a réitéré l’engagement de la Banque mondiale à soutenir le gouvernement dans ses efforts de relever les défis de l’enseignement supérieur. Elle donne une bonne note à tout ce qui est en train d’être fait pour maintenir les universités sur le cap de la performance. « La Banque mondiale salue votre engagement à mettre en place un enseignement supérieur de qualité. Le Sénégal affecte 1, 7 % de son Pnb a l’enseignement supérieur alors que la moyenne en Afrique est de 0, 7 %.
Ce programme d’investissement est unique en Afrique », reconnaît Louise Cord.

Idrissa SANE et Elhadj Ibrahima THIAM (textes) et Pape SEYDI (photos)
Le soleil, 1er aout 2015