A quoi pourra bien ressembler l’université du futur ? Des gros bâtiments translucides recouverts d’écrans géants ultra-connectés ? Du tactile partout pour travailler plus vite ? Des profs hologrammes projetés en 3D sur une estrade vide ? Les établissements français n’en sont pas encore là, mais intègrent de plus en plus le numérique, dans de nombreux domaines.

L’« Université 3.0 » était d’ailleurs le thème du colloque annuel de la Conférence des présidents d’université (CPU), qui s’est tenu les 28 et le 29 mai à Strasbourg. Le manque de visibilité des innovations en la matière a incité François Germinet, président de l’université de Cergy-Pontoise et président du comité numérique de la CPU, à lancer le concours vidéo « Mon innovation numérique en deux minutes ». Soixante-six universités ont participé. De quoi entrevoir en
un clin d’œil ce que pourrait être l’université de demain. Voici quatre tendances qui sont en train de transformer le quotidien des étudiants français :

Des connaissances accessibles à tous : L’université de demain sera résolument ouverte à de nouveaux publics. Vous êtes étudiant en biochimie et vous rêvez de tout connaître sur la géopolitique de l’Europe ? Les MOOCs, des parcours d’apprentissage en accès gratuit sur le web, vont vous faciliter la vie. Cours, exercices, tests : tout est
fait pour que l’étudiant puisse apprendre comme s’il était assis sur un strapontin d’amphithéâtre. Qu’il soit jeune ou vieux, diplômé ou pas.
L’une des vidéos gagnante montre par exemple comment l’université de Montpellier a créé une telle plate-forme. Un apprentissage personnalisé : Les cours en ligne sont aussi utiles pour assimiler des connaissances d’une manière plus flexible. A son rythme, avec un meilleur accompagnement, et en gardant la possibilité de revenir sur ce qui n’a pas été compris à tout moment.

Des jeux, des exercices préparatoires, des visioconférences, et des vidéos explicatives facilitent le quotidien des étudiants qui n’ont pas le temps de tout noter ou tout comprendre. Les classes virtuelles de tutorat de l’université de Bretagne permettent par exemple aux doctorants étrangers d’apprendre le Français à leur rythme et en tout petits effectifs.

Accélérer les échanges et la coopération : Le numérique à l’université permet aussi d’échanger plus facilement des documents, des idées, ou des techniques. Que ce soit dans la recherche ou dans l’enseignement. Exemple concret avec la table numérique géante de l’université de technologie de Compiègne : terminées les réunions interminables où chacun doit patiemment attendre son tour pour proposer son idée. La table numérique permet à toutes les personnes présentes de modifier un
projet en direct, d’un simple tapotement de doigts. Même volonté de faciliter les échanges à l’université Stendhal-Grenoble 3, mais avec Skype cette fois. La « télé-collaboration » permet aux étudiants français de discuter directement avec des étudiants situés à l’autre bout du monde. Plus efficace que les vieux DVD rayés qui font encore office de cours d’Anglais dans certaines facs.

Modéliser, simuler, imprimer en 3D : Le numérique facilite aussi le quotidien des futurs scientifiques. « En cinq ans, les études de médecine ont été complètement revues et corrigées : plus aucun premier geste n’est pratiqué sur un vrai patient » indique François Germinet.
L’apprentissage se fait plutôt sur des mannequins bourrés d’électronique. De quoi se faire la main sans gros dégâts, et avec une option pour revenir en arrière.

En médecine toujours, de nouveaux outils permettent une modélisation 3D très précise de tous les méandres de l’anatomie humaine. Et il est possible d’aller encore plus loin. Une imprimante 3D à l’université de Lyon 3 permet de transformer ces objets virtuels en modélisations réelles, et ainsi d’obtenir des morceaux de colonne vertébrale en plastique. L’impression 3D est aussi un outil précieux pour les futurs ingénieurs, qui peuvent à présent créer des prototypes plus rapidement, comme à Grenoble INP. Les étudiants y bénéficient aussi de la technologie inverse, c’est-à-dire modéliser un objet réel en 3D afin de tester virtuellement leurs innovations. Démonstration en vidéo :
https://youtu.be/ZEiP4yxxoVU?list=PLFDCFRPy6WmMBvSyRH4ajW5se4d7GS85k

Laura Wojcik
Campus Le Monde, 2 juin 2015