Symposium sur le genre du CODESRIA : Appel à candidatures - Session 2016

Le Conseil pour le développement de la recherche en sciences sociales en Afrique (CODESRIA) organise un symposium sur le genre du 09 au 10 mai 2016 au Caire (Egypte). Le forum annuel portera cette année sur le thème « Les luttes des femmes aujourd’hui ».

Prêter attention à l’histoire africaine c’est essayer d’entendre par-delà les silences et les omissions les luttes menées par les femmes pour apporter une contribution essentielle au développement et à l’émancipation de leurs sociétés. Sans remonter loin dans l’histoire, on peut affirmer que de leur participation aux luttes anticoloniales pour défendre aussi bien leurs intérêts économiques que leurs droits politiques à leur implication aux avant-postes des contestations populaires dans la période postcoloniale,

les femmes africaines ont toujours montré leur capacité à s’échapper de l’espace privé qu’avaient configuré pour elles la société et ses valeurs patriarcales. La célèbre marche des femmes sur Grand Bassam, la résistance des marchandes de Lagos à travers protestations multiples et variées et envoi de pétitions, le sacrifice des femmes de Nder, la présence féminine dans les luttes armée du FLN, du PAIGC, du MPLA ou encore dans la lutte anti-apartheid sont autant d’exemples qu’on peut citer en illustration.

Cette présence continue et cette action permanente au niveau de l’espace public va avoir une résonnance particulière à partir des années 70 avec la manière dont les africaines vont s’approprier les discussions (les différentes conférences de Mexico, Copenhague, Nairobi, Beijing, le Caire) et conventions internationales et régionales (CEDEF, le Protocole de Maputo,…) pour focaliser leurs revendications sur des questions regardant le contrôle de leur corps, leur sexualité, leur fécondité mais aussi et surtout sur leurs droits démocratiques, s’ouvrant ainsi des espaces dans la gouvernance politique et économique.

La lutte des femmes aujourd’hui doit être appréhendée par le biais d’un paradoxe qui traduit la complexité propre à notre époque. Si la mondialisation a posé comme horizon de sens la démocratie et le respect des droits de la personne humaine avec, comme inévitable corollaire, la question de l’égalité homme-femme, jamais les droits des femmes n’ont été aussi malmenés ou dans une situation de si grande vulnérabilité. Même si les femmes africaines ont gagné en visibilité de par les positions de pouvoir qu’elles occupent aujourd’hui au sein des institutions locales, nationales ou internationales, on ne peut manquer de prêter attention à la féminisation de la pauvreté, à la non atteinte des OMD, à l’ampleur de la violence basée sur le genre, au terrorisme qui les ravale au rang de bombes humaines et d’esclaves sexuelles au service d’idéologies qui ne reconnaissent point la sacralité de la vie.

Quelles sont les stratégies de lutte que les femmes africaines développent aujourd’hui dans un contexte marqué par l’hégémonie néolibérale avec une amplification de la pauvreté et des inégalités à l’intérieur des sociétés et où elles sont en situation de plus grande vulnérabilité surtout avec l’accaparement des terres et le changement climatique ?

Comment les femmes africaines luttent-elles et construisent-elles un discours pour leur quête d’égalité et pour l’effectivité de leur citoyenneté dans un contexte qui porte l’empreinte de la résurgence des fondamentalismes culturels, religieux, avec la place de plus en plus grande que gagnent le terrorisme et l’insécurité à travers le continent ? Quel peut être l’impact de la montée de l’homophobie sur la lutte des femmes africaines, sur la réceptivité même de leurs discours ?

Quels sont les de nouveaux défis imposés à la lutte des africaines aujourd’hui par la trajectoire actuelle des Etats africains qui fait penser à une « aventure ambigüe » de la démocratie (Printemps arabe, changements constitutionnels, vacuité du débat politique et fragmentation de l’espace politique) ? En quoi la dérive sécuritaire observée aussi bien au niveau global que local et l’exacerbation de la violence qu’elle génère impactent-elles la lutte des africaines aujourd’hui ? Comment les femmes s’aménagent-elles des espaces de contestation, d’influence des politiques publiques pour une meilleure prise en compte de leurs droits et de leurs libertés ?

Comment l’Union africaine, les organisations sous régionales portent-elles aujourd’hui le combat des femmes africaines et dans quelle mesure ces dernières infléchissent-elles l’agenda de ces organisations pour mieux porter la question de l’égalité de genre aussi bien sur le plan économique que politique ?

Cette importante rencontre sera aussi l’occasion pour questionner les figures de leadership féminin qui émergent aujourd’hui sur le continent, les nouvelles formes d’organisations de femmes et les caractéristiques du mouvement social féminin dans le contexte actuel ? Quelles sont les nouvelles thématiques qui se déclinent à travers les agendas des luttes des femmes et comment leurs façons de faire sont-elles impactées par les réseaux sociaux et autres TIC ? Quelles ont été les réponses des Etats et des autres segments de la société ?

Ces problématiques, et d’autres encore qui ne sont pas mentionnées ici, seront au cœur des réflexions de l’édition 2016 du Symposium annuel sur le genre du CODESRIA.

Cette manifestation sera une opportunité pour les chercheurs africains de présenter leurs recherches sur cette thématique et d’échanger avec leurs pairs afin de construire ensemble une perspective africaine.

Les dossiers de candidature des candidats doivent comprendre :
2. Une lettre de motivation ;
3. Une lettre attestant de l’affiliation institutionnelle ou organisationnelle ;
4. Un curriculum vitae ;
5. Une proposition de recherche de dix (10) pages au plus ;
7. Une copie du passeport.

Tous ceux qui sont intéressés par le thème du Symposium sont invités à envoyer leur contribution au plus tard le 25 mars 2016 à l’adresse suivante :
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