Le professeur agrégé de Philosophie Mamoussé Diagne suggère la mise en place, au Sénégal, du système de l’« éméritat » pour permettre aux enseignants de rang magistral à la retraite de continuer à percevoir leurs salaires et de fournir les mêmes prestations en attendant leur remplacement par de jeunes chercheurs bien formés.

« Nous leur [les autorités] prions de mettre en place un système qui existe déjà en Côte d’Ivoire, au Bénin, et maintenant au Gabon.

C’est le système de l’éméritat », a plaidé le professeur agrégé de Philosophie Mamoussé Diagne qui a pris sa retraite de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar (Ucad). S’exprimant dans un entretien publié dans l’édition d’hier du quotidien l’As, le philosophe a expliqué : « Quand les professeurs atteignent 65 ans, ils sont théoriquement retraités de l’université ».

Néanmoins, « ils restent attachés à l’université en percevant leurs salaires et fournissant les mêmes prestations jusqu’au moment où ils sont remplacés par des enseignants bien formés et bien encadrés (…) », a-t-il fait remarquer. « Mais, les mettre à la porte comme cela se fait actuellement, c’est une énorme perte pour des pays comme les nôtres. D’autant que la totalité des enseignants du continent au niveau magistral ne fait pas l’équivalent en masse critique sur le plan intellectuel de Harvard ou de Princeton, soit une seule université américaine », a déploré l’universitaire.

Selon le Pr Diagne, « il y a des départements dans lesquels on n’a plus d’enseignants de rang A ou alors il n’y a plus que des Assistants ou des Maîtres assistants ». « Donc, sur ce plan, a-t-il commenté, il y a une régression du niveau des contenus des enseignements. Et cela fait que les étudiants formés ne peuvent plus être très qualifiés. D’où la reproduction de cette médiocrité au sens littéral du terme ».

L’enseignant à la retraite à l’Ucad qui continue toujours à servir au département de Philosophie, à travers l’encadrement de certains étudiants en année de thèse et autres, a soutenu que « la crise de l’enseignement supérieur est liée au système en vigueur ».

« Ce système est formé à partir de la déstructuration de ce qui se fait », a-t-il encore déploré, signalant que les enseignants à la retraite ont adressé une lettre au président Macky Sall « pour attirer son attention sur cette déstructuration par le sommet ».

« Il faut 27, voire 30 ans pour former les enseignants de rang A. Et lorsque ces derniers partent à la retraite, c’est tout un problème pour les remplacer », a relevé le spécialiste des questions africaines, militant actif des évènements de mai 68 et ancien secrétaire général adjoint de la Cdp Garab gui.